Pendant très longtemps, tandis que je travaillais en entreprise, un projet avait accaparé mon coeur et ma tête, celui de devenir bénévole "blouse rose" auprès des nourrissons à l'hôpital.
En 2010, ayant démissionné de mon poste, j'avais enfin du temps pour réaliser ce rêve, alors chaque mardi soir, j'enfilais ma blouse pour me rendre au chevet d'un bébé dont les parents étaient absents. Mon rôle : être là pour lui et le bercer. Au son du bip incessant des machines, je lui offrais des bras pour la soirée, je l'enveloppais, le cajolais. Ces moments m'interpellaient à chaque fois, les regards pouvaient être remplis de tendresse comme de tristesse. Ma présence semblait bienvenue, comme indécente.
"Qui aides-tu ?"
Un soir, alors que j'étais au volant de ma voiture, une question m'a percutée sans prévenir : "qui aides-tu ?"
J'avais beau secouer la tête pour disloquer cette interrogation gênante, j'ai reçu la réponse en plein coeur :
- Moi. C'est moi que j'aide. Je vole à mon propre secours, j'ai besoin de me sentir utile, valorisée. Je ne sais même pas si ces petits bouts sont d'accord pour que je les serre dans mes bras !"
Je ne comprenais rien, j'ai fondu en larmes, ça me prenait aux tripes tellement la réponse était évidente. Je suis restée bénévole dix-huit mois avec cette question qui ne voulait pas partir, et surtout la réponse qui me hantait, et moi qui me sentais de moins en moins à ma place.
Dix ans plus tard, pendant ma formation de psycho-énergéticienne, il m'a été proposé pour la première fois, de partir à la rencontre de mon enfant intérieur. Autant j'avais été invitée à parler de mon enfance lors de séances chez le psy, autant je n'avais jamais entendu parler d'enfant intérieur.
Accompagnée par le thérapeute, j'ai emprunté le chemin des souvenirs et je suis arrivée dans une grande salle arrosée par la lumière blanche et agressive des néons. Au milieu de cette pièce immense, était abandonnée une couveuse avec dedans, le nouveau-né que j'étais et qui gigotais.
Je me suis approchée du bébé, je l'ai regardé longuement et je lui ai demandé de quoi il avait besoin. J'ai pris le temps et la mesure de ses ressentis, puis spontanément mes bras l'ont bercé longuement, amoureusement. Mes paroles l'ont rassuré, mon corps l'a enveloppé. Je l'ai emmené respirer l'air de la forêt et ressentir la clarté du jour. Nous étions toutes les deux blotties l'une contre l'autre. Mon coeur se remplissait comme se remplissait le réservoir à essence d'une voiture. J'ai assuré à cette toute petite fille qu'elle pourrait compter sur moi. Mais ce qui m'a le plus émue, c'est à quel point je la sentais vivre en moi, à quel point cet être petit et vulnérable m'attendait, à quel point j'en étais responsable, à quel point cette vie, cette part si sensible et belle, était mon essence. L'étincelle divine. Le chemin.
Les sensations d'après cette rencontre sont indicibles, les sentiments d'amour et de plénitude, inexplicables.
Je ne savais pas que c'était possible
Aujourd'hui, je repense à ces deux expériences très fortes. Pourquoi vouloir bercer ces bébés et ne pas envelopper de tes bras le nouveau-né que tu as été et qui en avait tant besoin ? La réponse est cette fois très simple : je ne savais pas que c'était possible.
Sache qu'il n'est jamais trop tard pour donner de l'amour à l'enfant que tu as été. L'adulte que tu es devenu est le seul à pouvoir le faire.
Longtemps, j'ai cru qu’il n’y avait rien de pire que d’être abandonnée ou rejetée par les gens que j'aimais. C'est faux : le plus dévastateur, c’est de s'abandonner et de se rejeter, soi.
Alors si on t'endort dans la croyance que c'est déjà une chance d'être aimé.e, déjà une chance d'avoir un travail, même si pas assez rémunéré et peu valorisé, déjà une chance d'avoir ce que tu as, il est temps et toujours possible de te réveiller.
Te donner de l'amour n'empêche en rien de le diffuser tout autour de toi. Au contraire même, la réserve est pleine ! Te prendre en charge n'occulte en rien la possibilité d'être un soutien pour l'autre. Prendre soin de toi ne coupent les ailes de personne. Le fait d'exprimer tes émotions n'interdit pas d'écouter celles des autres. Il est inutile de toujours vouloir tout opposer.
"Au-delà de la douleur et de la joie, on retrouve la dignité d'être."
- Marguerite Yourcenar -
Prendre ta place et rien que ta place, agir en ta faveur, fixer tes limites, défendre tes droits, exprimer ta sensibilité et tes émotions, ne seront jamais des actes d’orgueil, mais des actes de dignité, de courage et d'amour.
Accueille ta vie intérieure et l'humanité qui circule en toi, et tu t'aimeras.
Reconnais ta valeur, et tu t'estimeras.
Ressens ta sécurité intérieure, et tu auras confiance en toi.
Accueille et prends soin de ton enfant intérieur, et tu trouveras amour, estime et confiance en toi.
Cela prendra le temps qu'il faudra. L'essentiel, c'est la rencontre.
Si tu as des questions ou des témoignages,
n'hésite pas à m'envoyer un message à cette adresse : stephanie.deperne@gmail.com
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